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L’art de la godille
Avec une synchronisation parfaite des gestes, sans laquelle toute propulsion sera vaine, la technique est à la portée de tous, comme le vélo ! Il faudra quelques dizaines de minutes au débutant et à l’instructeur pour que le mouvement efficient soit appréhendé et compris. Ensuite, c’est acquis pour la vie ! Bien sûr, certains sont plus efficaces que d’autres mais ce n’est qu’une question de pratique. Et les gros bras ne sont pas toujours les plus efficaces !

Donnez-moi un point d’appui et un levier, je soulèverai le monde. Archimède

La godille, ou l’ art de se déplacer en souplesse.

Sur nos côtes, la godille existe depuis des siècles, peut être est elle-même plus ancienne, comme dans les pays asiatiques où elle est attestée depuis le deuxième siècle av J.C. Si cette technique simple est toujours pratiquée dans nos ports et sur toute la côte, c’est bien le signe d’une adéquation parfaite entre le besoin et l’outil.
Godiller c’est simplement propulser et diriger une embarcation avec un seul aviron auquel il faut imprimer un mouvement alternatif en forme de « huit ». L’aviron est en contact avec le tableau arrière, la poignée est parfaitement solidaire de la main, (ou des mains), le poignet est souple et l’avant bras contracté. Pour gagner en puissance, tout le reste du corps pourra être sollicité.

Avec une synchronisation parfaite des gestes, sans laquelle toute propulsion sera vaine, la technique est à la portée de tous, comme le vélo ! Il faudra quelques dizaines de minutes au débutant et à l’instructeur pour que le mouvement efficient soit appréhendé et compris. Ensuite, c’est acquis pour la vie ! Bien sûr, certains sont plus efficaces que d’autres mais ce n’est qu’une question de pratique. Et les gros bras ne sont pas toujours les plus efficaces !

Adaptée aux déplacements portuaires, la godille permet de se faufiler en douceur

La simplicité de l’outil, un aviron unique enclenché dans un trou de godille ou une dame de nage, laisse au godilleur une grande liberté d’expression. Ainsi, que l’embarcation soit une « boite » polyester, un canot traditionnel, un voilier ou une annexe gonflable, que l’aviron soit long, court, léger, lourd, souple ou un véritable poteau, le godilleur aura tout le loisir de s’exprimer dans ce qui peut s’appeler un art.

La godille est adaptée à la propulsion secondaire ou principale, à la sécurité, aux promenades, aux sorties de pêche, aux déplacements dans les ports et aux défis sportifs. Tracer son sillage avec une godille efficace est alors un plaisir à partager. Cela étant, aujourd’hui la godille se pratique essentiellement dans les ports de nos côtes Atlantiques mais il ne faut pas oublier que les bateliers l’ont beaucoup utilisée sur leurs bachots, petite annexe des péniches. Ce n’est pas un hasard, la godille est adaptée aux abris portuaires, aux canaux, aux eaux calmes et aux plans d’eau encombrés. Le principal avantage, par rapport à la nage aux avirons vient de son faible encombrement latéral : il est plus simple de slalomer entre les navires au mouillage ou d’accoster un quai à la godille que de le faire avec deux avirons encombrants. La technique est donc utilisée au quotidien par les initiés pour rejoindre leurs embarcations principales au mouillage. La généralisation des pontons ou des ports à sec est elle synonyme de la mort de la godille ? La question peut être posée mais heureusement il existe toujours des bateaux pour lesquels la godille est un outil de propulsion secondaire ou un élément indispensable de sécurité. Rien n’est plus simple et agréable que de terminer une prise de coffre ou un accostage en silence et en douceur ! De plus, en cas de panne de vent ou de moteur, une godille est parée en quelques secondes et suffit à éviter l’incident.

Une pratique moins enseignée mais jamais démodée !

Pour que cette technique continue de rendre des services, il faut la transmettre aux générations suivantes. La Marine Nationale ne l’enseigne plus, en revanche les Lycées Professionnels Maritimes (LPM) et le Centres Européens de Formation Continue Maritime (CEFCM) apprennent la technique à leurs élèves. A noter également que certaines écoles de voile promeuvent et enseignent la godille, ainsi que les collèges de Groix et Diwan de Vannes.
Les avirons de godille prennent différentes formes selon les pays, les cultures et les usages. En France les avirons sont droits et les faces de la pelle sont symétriques. Nous ne rentrerons pas dans les détails de chaque godille et des différentes techniques. Le schéma ci-contre décrit la technique dite horizontale, la plus répandue sur nos côtes, elle assure puissance, endurance et vitesse si nécessaire.

L’aviron doit être adaptée à la morphologie du godilleur, à son geste, au poids de l’embarcation ou à la hauteur du trou de godille. Un godilleur averti et un aviron en adéquation avec le bateau se révéleront étonnement efficaces. Les courses à la godille lors des festivités maritimes sont l’occasion de sprints impressionnants. Mais l’endurance est aussi possible pour des promenades familiales dans les abers ou en mer, par beau temps, ou pour poser un casier. Alors, à vos godilles !

(encadré)
Technique: un mouvement alternatif en forme de « huit »

La meilleure façon de s’y mettre c’est, bien sûr, de solliciter un instructeur pratiquant et …un poil patient. Les mouvement des mains et ceux de la pelle de la godille, doivent être symétriques par rapport au point de pivot (dame de nage, encoche du tableau arrière…).
Ce mouvement s’apparente à un huit couché, très allongé.

Quelques conseils pour débuter:

– utilisez un canot plutôt lourd (200 kgs pour 4 m env.)

– choisissez un jour sans vent et un site sans courant excessif pour ne pas dériver
– munissez vous d’un aviron souple et pas trop long (de quoi le manier debout dans l’embarcation) et d’une dame de nage de 4 à 5 cm.

 

 

Position:
placez vous à la proue, jambes légèrement écartées, les deux mains sur la poignée (au même niveau que les épaules ou que le visage. la pelle est dans l’eau, formant un angle de 45 ° par rapport à l’axe longitudinal du bateau.

Mouvements:
inclinez les poignets d’une 30 aine de degrés (sens horaire, flèche rouge du schéma) et déplacez les mains vers la gauche latéralement en montant légèrement à la fin du balayage pour anticiper le mouvement descendant qui va suivre ensuite vers la droite (flèche bleue). Conservez la même inclinaison des poignets. Avec l’appui de la pelle sur la surface de l’eau, vous allez sentir une force qui tends à faire remonter vos mains. Résistez à cette force, c’est elle qui donne du mouvement à votre canot !

Enchaînements:
Une fois le balayage à gauche effectué (flèche bleue) les poignets doivent pivoter légèrement (30 °, sens inverse des aiguilles d’une montre) dans un geste arrondi (flèches vertes) pour placer la pelle à nouveau à 30° et permettre l’enchaînement vers un nouveau balayage en huit.

Pour aller plus loin : « L’art de la godille », Gildas Roudaut, édition Le canotier, 2015.

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